Un blogue fait par et pour les élèves du collège Marcel Aymard, pour leurs amis, leurs parents et tous ceux, curieux et bienveillants, qui ont envie de découvrir ce que rêvent, pensent, sentent... et écrivent les jeunes plumes.

Face au Sphinx



              L’air était lourd, le ciel menaçait d’éclater en sanglot. Le pauvre Œdipe se trouvait face au légendaire et effrayant Sphinx, son destin devant lui. Le Sphinx avait une tête de femme et une poitrine généreuse. La fourrure soyeuse et en même temps agressive du félin recouvrait ses pattes griffues, son ventre plat, et son dos hirsute. Des ailes splendides, d’un gris triste et pâle, étaient enracinées à ses épaules musclées. Le sourire du monstre était malicieux, il y avait un rictus sur ses lèvres presque moqueuses ; cette chose dégageait une odeur de mort  et on savait tout de suite que cette chimère était vicieuse. Œdipe, fatigué et affaibli, n’était même pas surpris : il s’était préparé à le trouver sur son dangereux chemin semé d’embûches. Il aurait préféré rencontrer la chimère sur un passage moins accidenté qu’une falaise car le Sphinx s’agrippait à lui tel un monstre sanguinaire dévorant sa faible proie et l’équilibre d’Œdipe vacillait comme une bougie face au vent. Un inquiétant silence s’installa. Soudain, la créature parla, d’une voix sombre et ténébreuse :
Gustave Moreau, Oedipe et le Sphinx, 1864
            

    « Je te salue noble voyageur,
       Vis ou meurs,
       Telle est la rumeur,
       Qui court les sentiers jusqu’à ton cœur,
       Réponds juste ou arrive ton heure ! »

Le Sphinx fit une pause. Voyant qu’Œdipe ne bougeait pas, la créature continua :

« Quel est l’être qui marche sur quatre pattes le matin, sur deux à midi et sur trois le soir ? »

Sans qu’Œdipe s’en rende compte, il suffisait d’un simple mot pour que son terrible destin empoisonné s’accomplisse selon ce que les maudits Dieux voulaient de lui depuis le début. Œdipe, fort mal à l’aise, à cause de  la posture du gardien, répondit sans même réfléchir :

         « L’Homme ! »

Le Sphinx, une larme dorée perlant à son œil et coulant sur sa joue, se retira aussitôt et le ciel lui-même se brisa sous la foudre pour laisser place à de grosses gouttes tristes et maladives…
Fuyant Corinthe, en entrant dans la cité de Thèbes, le pauvre et maudit Œdipe, scella son sort en se rapprochant involontairement de ce qu’il évitait.
                

     « Œdipe, à cause du Destin haineux,
                Dans un futur proche et malheureux,
                Maudit par les Dieux,
                Fourbes et vicieux,
                Se crèvera les yeux,
                Et mourra sous peu… »
                                                                                                                                       E.C. (Troisième)


Une autre "Apparition"... : suite fantastique

(Suite fantastique donnée au début de la nouvelle de Maupassant intitulée Apparition : Le vieux marquis de la Tour Samuel, âgé de 82 ans, avoue à ses hôtes avoir vécu une étrange aventure, tellement étrange qu'elle est devenue l'obsession de sa vie.)


Le vieux marquis reprit son souffle. On pouvait voir les traits de son visage se crisper sous la peur qu’il subissait tous les jours à cause de l’effroyable aventure nocturne qu’il s’apprêtait à raconter.  Il posa son regard vitreux sur ses interlocuteurs qui l’écoutaient attentivement. Après une minute de silence il reprit d’un ton faible :
         « Je vais vous raconter ce qui s’est passé cette nuit là. Vous pouvez me prendre pour un fou, cela m’est égal car ce que j’ai vu était  à mes yeux bien réel. Je me souviens de chaque seconde, chaque bruit, chaque chose que j’ai vus. Mais comme toute mésaventure, il faut une cause. Voici la mienne. Dans ma jeunesse j’ai commis une grave erreur, une erreur qui me poursuit encore aujourd’hui. Lorsque j’avais vingt ans, j’avais tout pour moi : J’étais beau, jeune, fort et je pouvais détenir le cœur de n’importe qu’elle femme. Je tenais grâce à ma naissance, une place importante dans la société. J’étais donc souvent convié à des bals, des salons et d’autres cérémonies en tout genre. A cette époque-là  je ne recherchais que la richesse, la gloire et la puissance. Mon désir eut la chance de croiser le chemin de la Marquise de Bourguignon, une riche héritière : elle avait la plus grande fortune de France. Mais la pauvre fille, bien que riche avait peu de prétendants. Elle n’avait point de charme et était tellement sotte qu’aucun homme ne voulait entendre parler d’elle. Mais n’écoutant que ma soif de gloire, je la séduisis et devins rapidement son époux. »
Après ce bref récit pour évoquer l’origine du drame, Le marquis se posa sur sa chaise. Il passa sa main sur son front ridé pour essuyer la sueur qui perlait. Il était comme figé, incapable de bouger ou prononcer un seul mot. Il devait néanmoins se libérer du poids qui pesait lourd sur sa poitrine. Il continua, plus fatigué que jamais :
« Alors que mon épouse était en train de mourir d’une maladie incurable, j’étais en train de jouer aux cartes. Son état de santé ne me préoccupait guère puisque j’allais hériter de sa fortune. Quelques heures plus tard, elle mourut avec seulement notre domestique à son chevet. Je n’étais ni touché ni attristé.

Une semaine après, alors que je faisais une balade dans la forêt à une heure tardive, Je me sentis comme observé. J’accélérai donc le pas mais mon inquiétude ne cessa de grandir. A un moment, je crus entendre des craquements de feuilles et de branches. J’essayais de me rassurer en me disant que ce n’était qu’un animal qui passait par là. La nuit commençait à tomber et les bruits se faisaient de plus en plus fréquents.

 Je pensais perdre la tête, devenir fou. Je me mis à courir entre les branches qui donnaient l’impression que des ombres de monstres étaient prêts à vous dévorez. Ma respiration se bloquait, je ne distinguais plus rien ; mais j’aperçus enfin une vieille église abandonnée, à peine éclairée par la lune. Je voulus m’y réfugier. Affolé, j’y courus à toute vitesse mais des bourrasques de vent me ralentirent. J’avais l’impression qu’on me suivait. Enfin à l’intérieur, complètement épuisé, je mis mes mains sur mes genoux pour avoir un appui. Mes jambes tremblaient, j’avais l’impression qu’une tempête me tombait dessus. Le vent était si fort que je dus me coller contre un mur. Je ne distinguais plus rien, L’église était plongée dans le noir. J’étais perdu. J’avais le sentiment d’être aspiré par un trou noir ou d’être égaré au beau milieu d’un océan. Puis d’un seul coup les cloches de l’église résonnèrent. Ce lourd tintement vibrait dans ma tête, provoquant une douleur insupportable. Après un moment qui me parut interminable le silence se fit. Il était encore plus effroyable. Je me mis à regarder autour de moi dans l’espoir de voir quelque chose. La seule chose que je vis était une lueur blanchâtre qui se dirigeait lentement vers moi. Je croyais me trouver dans un rêve, mais je  fus horrifié de reconnaitre ma défunte épouse qui se positionna devant moi comme un fantôme. Cela me paraissait impossible mais pourtant c’était bien ce que je voyais. J’étais bouche bée. Cette forme scintillante ou ce fantôme -je ne sais trop de quoi il s’agissait- me fixait d’un regard meurtrier, cela me glaça le sang. La défunte me dit alors d’une voix grinçante :
            « Oui, c’est bien moi mon cher et tendre époux. Quel bonheur que de te voir effrayé. Tu es si peureux et naïf. Comment as-tu osé me laisser seule avec la domestique pendant mes derniers instants ? Tu vas payer pour ça. Je te maudis ! Désormais tu auras peur de la nuit, tu ne dormiras plus, tu vivras l’enfer sur terre, voilà tout ce que tu mérites. »
              Le conteur ferma les yeux. Il était secoué par la violence de ses propres mots. On aurait pu le prendre pour un malade mental. Il avait les cheveux hirsutes, ses yeux sortaient presque de leurs orbites et les traits de son visage étaient tendus. Il finit par conclure :
            « Depuis ce jour et comme elle me l’avait annoncé je vis un vrai enfer. Je ne l’ai plus revue, mais je sens encore sa présence qui me suit n’importe où. Je ne saurais comment expliquer rationnellement  ce qui s’est passé cette nuit-là et c’est ce qui me terrifie le plus. Mais désormais je suis sûr que les esprits des défunts subsistent et deviennent des fantômes qui reviennent accomplir leurs vengeances. »
             Toutes les personnes présentent se regardèrent troublées par ce récit. Toutes se posaient la même question : les fantômes sont-ils une légende ou une monstrueuse vérité ? Une chose était néanmoins sûre, le doute serait désormais ancré dans leurs esprits.
N. (Quatrième)

Un conte :" L’âne de Brême "



      

            Il était une fois un homme dont l’âne, durant de longues années, sans jamais se fatiguer, avait porté les sacs au moulin.
            Cependant, les forces de l’animal finirent par décliner au point qu’il devint de moins en moins capable d’accomplir sa tâche. Son maître songea alors à se débarrasser de cette bouche devenue inutile, mais l’âne, sentant que le vent avait tourné, s’enfuit.
            L’âne s’était enfui depuis déjà deux jours et ne savait pas où aller. Alors il décida d’aller toujours tout droit. Il arriva devant un ruisseau et se mit à boire. Tout d’un coup il s’arrêta et tendit l’oreille. C’était le meunier qui criait : « Sale âne, je vais t’apprendre à t’échapper comme ça ! ». L’âne prit peur car il savait que le meunier était armé d’un fusil. Alors il partit, en galopant.
            Il arriva à Brême après avoir encore marché pendant plus de deux jours. Mais il n’eut pas le temps d’entrer en ville car il se fit capturer par cinq musiciens qui lui dirent : « Bonjour petit âne ! C’est toi l’âne du meunier de la ville d’à côté ? 
- Hihan ! Oui !! Hihan ! répondit l’âne.
- Es-tu au courant que ton maître donnera une rançon à celui ou à celle qui lui ramènera son âne au plus vite ? lui demandèrent les musiciens. »
            L’âne répondit que non, et il leur demanda s’ils allaient le dénoncer à son maître. Ils lui répondirent que non car il pourrait leur être utile pour porter leurs instruments.
            L’âne était heureux mais également triste car ce qu’il voulait, lui, c’était ne plus jamais rien porter. Alors il décida de partir discrètement pendant la nuit…
            L’âne fit alors une étrange découverte. Il découvrit une licorne et il en tomba aussitôt amoureux. La licorne était blanche avec une crinière et une queue brunes.  Il la suivit et au bout de quelques kilomètres, elle se tourna vers l’arbre où venait de se cacher l’âne. Il était ridicule car l’on voyait tout son corps sauf sa tête. La licorne lui dit : « Montre-toi, je t’ai vu. ». L’âne se montra et la licorne lui demanda qui il était et pourquoi il l’avait suivie. L’âne lui répondit qu’ils feraient un si beau couple que mère Nature avait décidé de les marier.
            Et ils eurent beaucoup de licornânes et vécurent heureux jusqu’à la fin des temps…
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Eva  (Sixième)