Un blogue fait par et pour les élèves du collège Marcel Aymard, pour leurs amis, leurs parents et tous ceux, curieux et bienveillants, qui ont envie de découvrir ce que rêvent, pensent, sentent... et écrivent les jeunes plumes.

Souvenirs de mon enfance... : Gaston

J’habitais dans un petit village où toutes les maisons sont faites de pierres. Au centre du village dépassait le clocher de la petite église. L’angélus rythmait la vie du village. Les gens se levaient à 7h, mangeaient à 12h et rentraient chez eux à 19h.

Je rendais visite régulièrement à une personne âgée qui vivait dans ce village. De sa petite maison de pierre, la cheminée fumait toute la journée. C’était le seul moyen de se chauffer. Des escaliers, avec des marches irrégulières, nous menaient à l’intérieur de la maison, mais lui, conservait encore une bonne allure de marche.
          J’entendais ses sabots qui claquaient sur le sol ; je devinais que c’était lui avant de le voir. Un béret qu’il ne quittait jamais était vissé sur la tête. Il se promenait tous les jours dans le village et par tous les temps. Il parlait à tout le monde, de choses banales, de la pluie et du beau temps.
           Il me serrait la main, même quand j’étais petit, avec ses grosses mains râpeuses.
          Il se reprenait pour me parler en français car « lo patoès l’escapaba », le patois lui échappait, mais je le priais de continuer.
          Jamais il ne revenait chez lui les mains vides : il apportait soit des légumes du jardin, soit des œufs des poules et sinon un bout de bois pour la cheminée faisait l’affaire.

Dans sa maison, tout était sombre, les petites ouvertures laissaient entrer très peu de lumière. La lueur du feu éclairait légèrement l’intérieur. Au milieu de la pièce, une table couverte d’une nappe cirée attendait qu’on vienne s’asseoir pour partager un verre ou une confiserie. Je ne pouvais jamais refuser au risque de le vexer.
         Il se dirigeait vers le buffet. La porte grinçait à chaque fois. Il attrapait une boîte en métal qu’il déposait sur la table comme un coffre au trésor. Il en sortait du chocolat ou des gâteaux qui avaient une odeur particulière et unique. Cette odeur, je la reconnaîtrais entre mille.
         Aujourd’hui, je pense que c’était simplement une odeur de moisissure !

Au début de l’automne, je partais avec lui me promener dans la nature, sur les chemins de terre pour chercher des branches de noisetier. Il portait « la poda », c’était en fait la faucille. Et moi, je choisissais des cailloux pour casser quelques noisettes cueillies au passage. On revenait avec de fines branches de noisetiers et de grosses et épaisses branches de buis qui avaient une odeur forte et inoubliable.
            Il cultivait son jardin et partageait ses légumes avec ses voisins. Il cueillait des fruits de son verger. On rentrait à la maison, il installait les branches près de la fenêtre à côté du tabouret. Il prenait son opinel et il taillait de longues lamelles de la branche de noisetier. Il en faisait plusieurs d’avance avant de fabriquer. Puis une heure après, comme par magie, un panier prenait forme.

         Aujourd’hui, je pense souvent à lui ; ses paniers en noisetier sont très utiles pour la cueillette des champignons, les légumes du jardin, les noix et toute autre récolte.
           C’est une personne qui aimait la nature et les choses simples. Il m’a appris à vivre et à profiter de ce que la nature peut nous apporter. Il n’a jamais eu beaucoup d’argent mais il vivait de ce qu’il avait. Alors qu’aujourd’hui, les gens ne savent plus profiter de ce que la nature nous offre.
            Merci Gaston pour ce que tu m’as appris !
Robin

1 commentaire:

  1. Je suis très émue par ce petit texte plein de la simplicité et de la douceur des gens et des choses, de leur poésie même , époque que j'ai connue et d'ailleurs le personnage me rappelle mon grand père ,car lui aussi l'hiver taillait des branches d'osier et tressait des paniers près de la cheminée !!!!!!!! Un bonheur simple !
    Elido

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