Un blogue fait par et pour les élèves du collège Marcel Aymard, pour leurs amis, leurs parents et tous ceux, curieux et bienveillants, qui ont envie de découvrir ce que rêvent, pensent, sentent... et écrivent les jeunes plumes.

Trois textes libres... à propos de la Résistance


... autour d'une photo
(octobre, Troisièmes)

            Sur cette photo qui a été prise en Septembre 1944, on peut voir un groupe de maquisards. Le débarquement en Normandie a eu lieu en Juin 1944 et Paris vient juste d'être libéré, le 25 Août de cette même année. Á ce moment de la guerre le rôle des maquisards est de contenir l'invasion allemande en France. Les Forces Françaises de la résistance Intérieure espèrent jouer un rôle important auprès des armées de libération. Ce témoignage visuel nous ramène au moment qui précède la jonction des résistants avec l'armée canadienne près de Boulogne-Sur-Mer.

         Les personnages de cette scène sont sept. Six hommes et une femme qui est certainement leur messagère. Certains de ces hommes ont des fusils. La femme porte une sacoche. Nous pouvons imaginer que tous arborent un brassard aux initiales des Forces Françaises Intérieures (FFI), bien que l'on ne puisse pas tous les distinguer.

         Les vêtements des hommes sont dépareillés, usés, râpés, élimés, sûrement à cause des conditions de vie qu'ils ont dû affronter et de la pénurie liée à la guerre. La majorité des hommes portent un couvre-chef, béret ou casquette car c'était la mode à l'époque. La femme semble mieux habillée, avec des vêtements de ville. Elle porte également des bijoux : boucles d'oreilles et bague.

         Ces partisans ont l'air jeunes, mais ils ont les traits tirés, certainement fatigués de ce mode de vie qu'est celui des résistants : dormir peu, ne pas toujours manger à sa faim, avoir froid, manquer de confort. Mais ils ont quand même pris la peine de se raser et de se coiffer. Ils ont tous un visage sérieux, concentré, attentif mais ne semblent pas pour autant stressés ou effrayés. Ils écoutent le message délivré par la messagère. Ils sont très absorbés et ne semblent pas poser pour la photo. Ils n'ont pas peur de ce qui les attend : ils sont prêts et résolus.

         Devant cet instant qui est figé, le spectateur que je suis se pose certaines questions : vont-ils survivre, suivre la bataille et connaître le fin mot de l'histoire de la seconde Guerre Mondiale ? Je ne sais pas mais, à mon avis, ils le méritent. Eux qui ont servi la France.


Gauthier V.


"Septembre 1944 : des maquisards se préparent à la jonction avec l'armée canadienne à Boulogne-sur-mer"

             ...


On était en début d'après-midi, il faisait beau. Le soleil brillait dans le ciel et des oiseaux chantaient dans les arbres mais un vent frais faisait bruisser les feuilles qui bordaient le sentier. Une femme à vélo, l'unique présence humaine de ces lieux, inspira. La lourde tâche qui la menait là contrastait avec ce beau temps paisible.

Le vent d'automne fit voler ses beaux cheveux bruns de sous son béret, s'engouffra dans les plis de sa robe, la faisant frissonner malgré son long manteau dont la manche portait ses galons de lieutenant.                                 

Enfin, elle s'engagea sur une petite route goudronnée qui menait vers une grande ferme en brique. Elle distinguait déjà la date en chiffres d'acier qui ornaient les murs du bâtiment où elle avait rendez-vous. La jeune femme s'arrêta près d'un portail en bois et descendit avec une facilité surprenante compte tenu de l'accoutrement dont elle était vêtue. Abandonnant son vélo, elle s'engagea dans une petite cour ; son sac en bandoulière lui barrait la poitrine, frappant contre ses jambes nues.

 

            Un groupe d'hommes âgés de 19 à 25 ans, visiblement prêts à partir, l’accueillirent; ils étaient tous armés. Ils avaient un visage étrangement serein et un regard qui avait l'air d'avoir tout vu ; des horreurs qu'on ne pouvait décrire. Ces hommes étaient au nombre de cinq, regroupés autour du plus petit parmi eux, remarquable à sa tenue. Alors que tous portaient des habits que le temps avait usé, lui arborait une chemise claire bon marché sous une veste marron de belle allure. Un pantalon bouffant couvrait ses jambes pour disparaître au niveau des genoux sous des bottes en cuir à la semelle abîmée. A son bras gauche, un brassard avec le sigle de la résistance apparaissait ; le même que les cinq autres et la jeune femme portaient.

            D'un même mouvement, ils se retournèrent vers elle, comme alertés de sa présence.

« Que veux-tu, lieutenant Jeanne ? » demanda celui qui paraissait être le chef avec un sourire moqueur. Nous nous préparions à partir, vois-tu ?

- Des informations ? s'enquit un homme.

- De mauvaises ou de bonnes nouvelles ? renchérit un autre, qui semblait être le frère du premier autant par le physique que par l'accoutrement et la manière de se tenir : tous deux portaient une longue veste boueuse d'un gris sale.

- J'ai bien peur que ce ne soit de mauvaises nouvelles, lâcha simplement la dénommée Jeanne.

C'est une très mauvaise idée d'y aller ce soir ; vous feriez mieux de faire profil bas ! Ils se sont rapprochés ; ils ont attaqués plusieurs bases et ils ont eu Jacques ! Sa voix monta légèrement dans les aigus à la fin de sa phrase, faisant apparaître sa peur.

-Tu sais bien qu'on ne le peut pas ! Les canadiens devront arriver ce soir et nous nous devons d'être présents !

- Tu sais aussi bien que nous les blessures que la guerre peut infliger. Il faut que cela cesse! » C'était le plus vieux et le plus sage qui avait parlé.

Jeanne remarqua ses traits fatigués et son regard inquiet. Son béret et son écharpe sombres rendaient son visage encore plus pâle.

« Oui, je ne le sais que trop bien », poursuivit-elle avec une voix douce. En disant ces mots elle caressa machinalement la bague en or qu'elle portait à sa main gauche.

            Avec un soupir, elle sortit de des papiers de son sac.

« Ce sont les nouvelles instructions », expliqua-t-elle. Du vent souffla, faisant bruisser les pages dans ses mains lorsqu'elle les tendit au jeune homme.

« On ne se reverra peut-être pas », commenta celui qui portait un béret et semblait ne pas s'être rasé depuis plusieurs jours. Il eut un petit sourire mais ses yeux restèrent ternes. Il avait résumé en ces quelques mots ce qu'ils pensaient tous. Un frisson parcourut l'assistance mais ce n'était pas à cause du vent.

«Viens donc là ma sœur », lâcha l'homme aux cheveux gommés.

 - Je t'aime...Je t'aime alors tu reviendras pour moi », lui murmura-t-elle comme pour se rassurer, une fois dans ses bras.

-Je te le promets...

-Vous devez y aller maintenant », dit Jeanne après cette brève étreinte.

- Dis à Marie et à Paul que je les aime, lui demanda le barbu, et remets leur ceci, s'il-te-plaît. »Et il lui tendit une épaisse enveloppe en papier marron.

« Je le ferai. »

Avec un sourire fatigué, elle les encouragea. Le groupe partit alors, réparti dans deux voitures kaki. Jeanne resta là, à les regarder, jusqu'à ce que la dernière disparaisse de sa vue, au tournant du sentier.

« Bonne chance », souffla-t-elle.

Mais en disant ces mots, elle sentit qu'elle ne reverrait plus son petit frère.

  

 Audrey B.  

                   ...


            Marylin courut vers la petite bande. Ils étaient cinq en la comptant et ils étaient tous partisans des FFI. Il y avait Jack, grand, roux, avec une très grosse moustache rousse ; Jérome, petit, curieux et toujours jovial ; et bien sûr Stéphane et Luc : des jumeaux qui avaient la synchronisation et la rapidité dans le sang. Ils étaient tous réunis et joyeux de voir arriver Marylin, avec ses informations quotidiennes sur le déplacement et les actions des troupes ennemies. Mais aujourd'hui n'était pas un jour comme les autres. Il fallait qu'elle les avertisse au plus vite.     

- J'ai des informations très urgentes à vous transmettre! Ils ne vont pas tarder à arriver!!

Trop tard : à peine eut-elle le temps de finir sa phrase que l'alarme et les cloches de la ville sonnèrent.

- NOON! cria Luc.                

Son cri fut couvert par l'explosion d'une ferme en haut de la colline. C'était la ferme de Jérôme ; son visage devint rouge, passa par le vert puis enfin, tout blanc, il perdit connaissance et tomba par terre : sa famille était dans la ferme qui était déjà léchée par les flammes et envahie de fumée! Plus le temps de réfléchir, il fallait contacter les canadiens, nos alliés, et les quelques membres des FFI dans les communes voisines le plus vite possible.

- Que chaque résistant me suive pour affronter les rangs et terrasser l'ennemi! dit Marylin en insufflant par sa voix toute la conviction qu'elle avait.                            

Une cinquantaine de personnes sortirent de leurs habitations pour savoir d'où provenait l'explosion et suivirent la nouvelle leader des FFI.                                      

- Il manque des armes! Trouvez tous de quoi vous battre! Car aujourd'hui, aucun ennemi ne touchera notre belle ville!! Appelez des renforts! Première vague qui part au front prioritaire sur les armes! dit-elle en ayant l'air le plus autoritaire possible.     

Et encore une fois, à peine eut-elle fini ses phrases qu'elle vit les centaines de soldats ennemis sur les collines : ils étaient complètement dépassés par le nombre. Elle leva la tête et vit un nuage d'avions fondre sur eux.

            Tout explosa autour d'elle, elle crut que le temps s'arrêtait; elle vit des visages familiers passer devant ses yeux, des maisons entières s'effondrer, des gravats tomber du ciel, des objets voler en tous sens. Le mélange de fumée, de chaleur, et de poussière neutralisa tous ses sens. Sa vue se troubla et elle ferma les yeux. Ce fut le noir.

            La première chose qui la frappa lorsqu’elle reprit connaissance était le silence : aucun cri, aucune explosion, le calme complet... Mais la seconde chose qu'elle remarqua fut moins agréable : une odeur de chair brûlée lui envahit ses narines. Elle ouvrit ses yeux l'un après l'autre et un spectacle chaotique s'offrit à ses yeux: les décombres d'une ville l'entourait. Il y avait un nombre inimaginable de gravats pleins de poussière et des cadavres humains noircis par le feu.

            Elle se releva et se sentit si faible qu'elle retomba aussitôt par terre. Elle ne savait ni la date, ni l'heure, et le pire était qu'elle ne savait même pas son identité! Elle avait beau se concentrer, rien ne lui revenait ! Elle commença à avoir peur. Il faisait nuit, quand soudain, elle vit une belle silhouette robuste à travers la fumée - ou le brouillard, elle ne savait pas trop car elle était trop fatiguée. Elle rassembla toutes ses forces et se mit à courir comme elle put vers la silhouette ; il la vit enfin. Il était beau, musclé, blond au yeux bleus et il avait une petite cicatrice sur la lèvre inférieure qui ne le rendait que plus charismatique et viril. Il avait l'air surpris et curieux. Elle plongea ses petits yeux couleur châtaigne dans les grands yeux stupéfaits, bleu océan - elle, qui était déjà assez perdue ainsi, se noya dans ces yeux si spéciaux et beaux. L’homme rompit ce moment de rêverie et il la porta enfin dans ses bras si musclés. Il avait sur son joli costume noir un drôle de bandeau rouge avec une croix noire et tordue sur un fond blanc. Elle ferma les yeux et elle sombra enfin dans un sommeil profond croyant qu'elle était en sécurité...


E. D.

 



3 commentaires:

  1. A propos du texte de Gauthier V :le texte est sobre et court mais même sans l'image on peut imaginer la scène ; l'aspect des personnages: vêtements, couvre-chefs ; ce qu'ils peuvent ressentir :fatigue , peur, faim ;leurs sentiments : prêts et résolus , sans oublier la situation de la France à ce moment précis qui est bien expliquée, bref , l'ai beaucoup apprécié la description de cette photo.

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  2. Photo de résistants :les dialogues imaginés par Audrey donnent une idée assez juste des paroles qui pourraient accompagner l'image. Par contre le mot "accoutrement"qui signifie :bizarre ou ridicule, ne convient pas du tout à la description de la jeune fille et de ses vêtements; à cette époque le béret , le sac en bandoulière, le manteau étaient la tenue courante , je peux en parler car j'ai moi-même porté ce genre de tenue!!!!!

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  3. En réponse au commentaire anonyme du 23 novembre : le Robert indique bien, pour le mot "accoutrement", en première définition : "vêtement", au sens le plus neutre. La connotation "étrange" vient en seconde acception s'ajouter au sens premier.

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